L'envie de fourbir nos consciences
L'envie de croire que les mots
Ne sont pas vide de substance
On a perdu à force de mensonges
L'envie de nourrir nos « peut-être »
L'envie de savoir que la longe
Qui nous tient, nous en sommes maîtres
Vivent les rêveurs,
vivent leurs cris !
Qu'ils brisent le rythme éventé
De nos chansons édulcorées
Qu'ils brisent le chant des sirènes
Poissons poisons qui nous enchaînent
Vivent les rêveurs,
vivent leurs rires !
Qu'ils brisent le silence ennuyeux
Lové dans nos regards vitreux
Qu'ils brisent nos rêves de bourgeois
Et nous redonnent de la voix
On a perdu à force de ployer
La force de se tenir droit
Face aux prédateurs affamés
Qui nous veulent pouvoir d'achat
On a perdu à force d'acheter
De travailler pour acheter
D'être éduqué pour travailler
On a perdu le temps de penser
Vivent les rêveurs,
vivent leurs cris !
Qu'ils brisent le rythme effréné
La ronde folle de la monnaie
Qu'ils brisent nos bêlements plaintifs
Et montent le son des manifs
Vivent les rêveurs,
vivent leurs rires !
Qu'ils brisent le silence ennuyeux
Planqué dans nos cerveaux trop creux
Qu'ils brisent nos rêves de bourgeois
Et nous redonnent de la foi
On a perdu à force d'amertume
Le goût fameux qu'avait la lune
Quand pour se donner de l'allant
On s'en partageait les croissants
On a perdu à force d'amnésie
Le goût des larmes de l'enfance
Alors qu'on s'était tant promis
D'inventer de nouvelles danses
Vivent les rêveurs,
vivent leurs cris !
Qu'ils brisent le rythme alangui
De nos cœurs ouatés sourds et gris
Qu'ils brisent le chant des marchands
Joueurs de flûte, brasseurs de vents
Vivent les rêveurs,
vivent leurs rires !
Qu'ils brisent le silence ennuyeux
Caché dans nos paroles, en creux
Qu'ils brisent nos rêves de bourgeois
Et nous redonnent de l'émoi