9 juin 2010

Rêveurlution

On a perdu à force de salauds
L'envie de fourbir nos consciences

L'envie de croire que les mots

Ne sont pas vide de substance


On a perdu à force de mensonges

L'envie de nourrir nos « peut-être »

L'envie de savoir que la longe

Qui nous tient, nous en sommes maîtres


Vivent les rêveurs,
vivent leurs cris !

Qu'ils brisent le rythme éventé

De nos chansons édulcorées

Qu'ils brisent le chant des sirènes

Poissons poisons qui nous enchaînent


Vivent les rêveurs,
vivent leurs rires !

Qu'ils brisent le silence ennuyeux
Lové dans nos regards vitreux
Qu'ils brisent nos rêves de bourgeois

Et nous redonnent de la voix


On a perdu à force de ployer
La force de se tenir droit
Face aux prédateurs affamés

Qui nous veulent pouvoir d'achat


On a perdu à force d'acheter

De travailler pour acheter

D'être éduqué pour travailler

On a perdu le temps de penser


Vivent les rêveurs,
vivent leurs cris !

Qu'ils brisent le rythme effréné

La ronde folle de la monnaie

Qu'ils brisent nos bêlements plaintifs

Et montent le son des manifs


Vivent les rêveurs,
vivent leurs rires !

Qu'ils brisent le silence ennuyeux

Planqué dans nos cerveaux trop creux

Qu'ils brisent nos rêves de bourgeois

Et nous redonnent de la foi

On a perdu à force d'amertume
Le goût fameux qu'avait la lune

Quand pour se donner de l'allant

On s'en partageait les croissants


On a perdu à force d'amnésie

Le goût des larmes de l'enfance

Alors qu'on s'était tant promis

D'inventer de nouvelles danses


Vivent les rêveurs,
vivent leurs cris !

Qu'ils brisent le rythme alangui

De nos cœurs ouatés sourds et gris

Qu'ils brisent le chant des marchands

Joueurs de flûte, brasseurs de vents


Vivent les rêveurs,
vivent leurs rires !

Qu'ils brisent le silence ennuyeux

Caché dans nos paroles, en creux

Qu'ils brisent nos rêves de bourgeois

Et nous redonnent de l'émoi