12 sept. 2013

L'absence

Mais que pourrais-je en dire, cette large béance
Me bâillonne et maintient son écrasant empire
Avorte tous mes mots jusqu’au moindre soupir

Et pour suffoquer moins du néant de l’absence
Je fracasse, éperdue mes phalanges blanchies
Contre les parois lisses de ma boîte à folie

Et pour manger encore de ce pain puisqu’il faut
Se résoudre à payer le moindre instant de grâce
Se résoudre à ployer sans qu’aucun coup de grâce
Ne vienne nous l’ôter du tranchant de sa faux

Et pour manger encore de ce pain je rougis
Mes poings et je décore mon corps avec mes dents
De grandes arabesques, de sourires sanglants
Jusqu'à en oublier qui j’étais, qui je suis

Je presse des canons sur mes tempes et j’appuie
Sur des gâchettes enfin, et sans fin je tabasse
Le silence, et jamais, jamais il ne trépasse

Et ma boîte à folie résonne sans répit
De cris brisés au seuil de la raison, la garce
Qui veut que l’on survive, et que l’absence passe