22 janv. 2012

À quel point tu me manques



Point de coté, au Parc Vauban
Je cours trop vite et tout le temps
Après quoi je ne le sais guère
On ne sait que ce que l’on perd

Point de croix sur serviette blanche
Chez ma grand-mère le dimanche
Qui me demande à tous les coups
Si je me sers de mes dessous

Je n’ose pas lui dire qu’en dessous je suis nue
Depuis que tu m’as dit que je suis plus jolie
Sans soutifs sans colliers sans slip et sans vernis

Je n’ose pas lui dire que je n’ai de vertu
Que parce que sans toi la tenue d’Ève manque
Singulièrement d’attrait, en gros que tu me manques

Point de salut pour les flemmards
Je m’extirpe de mon plumard
Tous les matins sans illusions :
Je manque un peu de conviction

Point de fuite encombré de trop
De mots moches, « boulot », « métro »
Et quand « regrets » revient je prends
Mon ticket pour le parc Vauban

Je n’ose pas me dire que je vois trop Vauban
Qu’il faut partir à point ou bien ne point partir
Mais quand les jeux sont faits, rien ne sert de courir

Je n’ose pas me dire que je passe mon temps
A fuir éperdument  ma mémoire collante
Et que je tourne en rond, en gros que tu me manques

Point du jour, station république
Des yeux me donnent la réplique
Mes pieds, soudain se mettent en grève
Et ma course effrénée s’achève

Points de sutures au petit jour
Je prends mon temps pour un détour
Bonjour arbres, rivière et bancs
Bonjour joggeurs du parc Vauban

J'aimerais bien leur dire que je cours aujourd'hui
Pour attraper la joie , pour lui coller aux fesses
Moi qui suffoquais tant à t’échapper sans cesse

J'aimerais bien te dire que sans nos souvenirs
Je reprendrais mon tour avec plus de paresse
En gros que tu me manques enfin sans que j’encaisse

QFS

14 janv. 2012

Du désir


A mon cœur défendant
Je veux la mise à nu
De ton corps défendu
Je veux lascivement
Croquer à pleines dents
Dans ta chair dévêtue
Je nage à contre corps
Mais le désir l’emporte
Que le diable me porte
J’irai coller mon corps
Au tien sans un remords
Si le diable m’escorte
Je veux que se déchire
Ta peau sous les caresses
De ma langue diablesse
Je veux que l'élixir
Salé de mon désir
Te jette dans l’ivresse
Qu’à corps à corps perdu
Se mêlent nos odeurs
Nos lèvres, nos humeurs
Que se noie dans la crue
Du plaisir éperdu
Que se noie la douleur

L' automne à Lille

 









3 janv. 2012


Je suis passée à l’ennemi
Dans le camp des méchants, des salauds par envie
Tout était plus aisé, moins risqué, moins blessant
J’étais fatiguée à vingt ans

          D’être dans le camp des perdants

Je me suis glissée dans la peau
Du faux prince qui n’est qu’un croassant crapaud
Du témoin qui se tait, de celui qui accule
Du quidam qui n’est qu’une crapule

J’ai bien profité des récoltes
De mon statut nouveau d’inconscient désinvolte
Cœur léger j’ai pillé sans jamais rien offrir
Et sans jamais m’en repentir

Et cœur léger j’ai retourné
Le couteau dans des plaies, cent fois sans hésiter
Délestée du fardeau pesant de la vertu
J’ai profité sans retenue

         D’être dans le camp des gagnants

J’ai mis longtemps à remarquer
Que le camp des gagnants sent la merde à plein nez
Exhalant les relents de l’humaine misère
Les cris, les murs, les cartouchières

Les cris, les murs, les cartouchières
Mais aussi la souffrance aphone, et les prières
Qui se perdent ou les dires qui égratignent ou blessent
Ou même les fausses promesses

L’odeur pénètre lentement
L’odeur en contrepoint de tous les sentiments
Et vient un jour devant le miroir, une question
Comment suis-je devenu un con ?

Qu’importe les remords tardifs
On ne peut retirer un seul coup de canif
Et l’âme repentie n’en est pas moins puante
Lorsqu’elle a baigné dans la fiente

Béguin



















Ce tressaillement n’est que de la poudre au cœur
Un léger contretemps dans le bruit du moteur
Une tocade, un contrepoint d’une mesure

Ce tressaillement n’est que du cabotinage
La turbulence d’un caprice de passage
Un feu de paille, l’oscillation d’une brisure
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