Je ne dors plus
J’avais des rêves,
avant, qui me tenaient la main
L’écran de mes
paupières devenait un théâtre
Où je jouais aux dés
mille fois mon destin
Quand l’insomnie sur
moi, décidait de s’abattre
J’étais un
chevalier. Fière, je tenais ma hampe
Et je levais bien haut
ma bannière flottante
Pour partir au combat,
sous les feux de la rampe.
Et je ne cédais rien à
l’angoisse montante
J’étais un écrivain
au fond de sa forêt
Les lambris de la
chambre étaient autant de troncs
Je faisais une source
d’un vieux robinet
L’invisible plafond
devenait frondaisons
Sous ma plume féconde
se dessinait encore
Mille portes ouvertes
pour combattre la nuit
Mille vies de fumées,
oubliées à l’aurore
Et poursuivies à
chaque nouvelle insomnie.
Je ne dors plus
Mais aujourd’hui
l’angoisse à gagné le combat
Je gis, hampe brisée
et fierté ravalée
Les yeux ouverts je
gis, les yeux rougis, je vois
Des plumes égarées et
des portes fermées
L’angoisse s’est
assise sur mon ventre et me somme
Toutes les nuits de
faire des choix, de faire des choix
Non tu n’as plus
quinze ans- dit-elle, et tu es comme
Ces fous qui rêvent
trop, et qui ne vivent pas