20 déc. 2013

Poème pour ma mère

Ce que tu m'as donné
Le soleil orangé se couchant sur la mer
Sa voile repliée et monsieur réverbère
Plantant son drapeau noir où s'est couché le jour

Ce que tu m'as donné
L'estran luisant aux pâles rayons de l'hiver
Les coquilles bruissantes et les morceaux de verre
Dont nous faisions des jeux, des rêves, des atours

Ce que tu m'as donné
Ta paume sur nos peaux piquetées de nos peurs
Tes mots dans des gâteaux, mots mués en saveurs
Et la table de sept que je ne sais pas bien

Ce que tu m'as donné
Les tables infernales sur la nappe cirée
Et le chant de ta voix, la soupe qui cuisait
Et ton chant qui disait je ne regrette rien

Ce que tu m'as donné
L'envie d'être au delà de ce que voient les yeux
Le goût de n'être pas du côté des envieux
L.indifférence aux jeux de pouvoir et d'argent

Ce que tu m'as donné
Ta tendresse en gâteaux, j'en fais des mots parfois
J'en fais de l'avenir, de l'ailleurs, des combats
Et j'y puise ma joie, ma droiture et mon cran.

12 sept. 2013

L'absence

Mais que pourrais-je en dire, cette large béance
Me bâillonne et maintient son écrasant empire
Avorte tous mes mots jusqu’au moindre soupir

Et pour suffoquer moins du néant de l’absence
Je fracasse, éperdue mes phalanges blanchies
Contre les parois lisses de ma boîte à folie

Et pour manger encore de ce pain puisqu’il faut
Se résoudre à payer le moindre instant de grâce
Se résoudre à ployer sans qu’aucun coup de grâce
Ne vienne nous l’ôter du tranchant de sa faux

Et pour manger encore de ce pain je rougis
Mes poings et je décore mon corps avec mes dents
De grandes arabesques, de sourires sanglants
Jusqu'à en oublier qui j’étais, qui je suis

Je presse des canons sur mes tempes et j’appuie
Sur des gâchettes enfin, et sans fin je tabasse
Le silence, et jamais, jamais il ne trépasse

Et ma boîte à folie résonne sans répit
De cris brisés au seuil de la raison, la garce
Qui veut que l’on survive, et que l’absence passe

25 juil. 2013

Insomnies

Je ne dors plus
J’avais des rêves, avant, qui me tenaient la main
L’écran de mes paupières devenait un théâtre
Où je jouais aux dés mille fois mon destin
Quand l’insomnie sur moi, décidait de s’abattre

J’étais un chevalier. Fière, je tenais ma hampe
Et je levais bien haut ma bannière flottante
Pour partir au combat, sous les feux de la rampe.
Et je ne cédais rien à l’angoisse montante

J’étais un écrivain au fond de sa forêt
Les lambris de la chambre étaient autant de troncs
Je faisais une source d’un vieux robinet
L’invisible plafond devenait frondaisons

Sous ma plume féconde se dessinait encore
Mille portes ouvertes pour combattre la nuit
Mille vies de fumées, oubliées à l’aurore
Et poursuivies à chaque nouvelle insomnie.

Je ne dors plus
Mais aujourd’hui l’angoisse à gagné le combat
Je gis, hampe brisée et fierté ravalée
Les yeux ouverts je gis, les yeux rougis, je vois
Des plumes égarées et des portes fermées

L’angoisse s’est assise sur mon ventre et me somme
Toutes les nuits de faire des choix, de faire des choix
Non tu n’as plus quinze ans- dit-elle, et tu es comme

Ces fous qui rêvent trop, et qui ne vivent pas