3 janv. 2012


Je suis passée à l’ennemi
Dans le camp des méchants, des salauds par envie
Tout était plus aisé, moins risqué, moins blessant
J’étais fatiguée à vingt ans

          D’être dans le camp des perdants

Je me suis glissée dans la peau
Du faux prince qui n’est qu’un croassant crapaud
Du témoin qui se tait, de celui qui accule
Du quidam qui n’est qu’une crapule

J’ai bien profité des récoltes
De mon statut nouveau d’inconscient désinvolte
Cœur léger j’ai pillé sans jamais rien offrir
Et sans jamais m’en repentir

Et cœur léger j’ai retourné
Le couteau dans des plaies, cent fois sans hésiter
Délestée du fardeau pesant de la vertu
J’ai profité sans retenue

         D’être dans le camp des gagnants

J’ai mis longtemps à remarquer
Que le camp des gagnants sent la merde à plein nez
Exhalant les relents de l’humaine misère
Les cris, les murs, les cartouchières

Les cris, les murs, les cartouchières
Mais aussi la souffrance aphone, et les prières
Qui se perdent ou les dires qui égratignent ou blessent
Ou même les fausses promesses

L’odeur pénètre lentement
L’odeur en contrepoint de tous les sentiments
Et vient un jour devant le miroir, une question
Comment suis-je devenu un con ?

Qu’importe les remords tardifs
On ne peut retirer un seul coup de canif
Et l’âme repentie n’en est pas moins puante
Lorsqu’elle a baigné dans la fiente

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